du 31 décembre 2008 au 3 fevrier 2009






















L'Esprit de la Ruche
Victor Erice




Attention chef d'œuvre !
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« Ce qui se joue là est comme un « big bang » et ne relève d’aucune distinction de goût ou de culture, mais participe de La Rencontre, dans ce qu’elle a d’unique, d’imprévisible et de sidérante. Elle tient dans la certitude instantanée que ce film là qui m’attendait, sait quelque chose de mon rapport énigmatique au monde, que je l’ignore moi-même mais qu’il contient en lui comme un secret à déchiffrer. » Alain Bergala

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Mon Voisin TOTORO






















Mon voisin Totoro présente le Japon tel qu'il était dans les années cinquante, lorsque ses paysages verdoyants étaient encore omniprésents, la nature riche et l'homme encore proche d'elle. La petite Mei Kusakabé (quatre ans) et sa grande sœur Satsuki (dix ans) accompagnent leur père dans leur nouvelle maison. Ils se rapprochent ainsi du village où se trouve hospitalisée leur mère. Cette dernière doit bientôt sortir de l'hôpital et ce lieu lui permettra de se reposer dans un environnement agréable. Les deux fillettes sont toutes deux amenées à rencontrer l'esprit protecteur et discret de la grande forêt d'à coté. Mei lui donne le nom de Totoro. La magie de la nature et des lieux sacrés qu'ils habitent les aidera à surmonter la crise familiale du moment.

Fondé sur une histoire simple, Mon voisin Totoro est un conte moderne, un hymne à la nature dans sa description des décors et, au travers de l'évocation de symboles porteurs d'une signification religieuse, le rappel de la réalité d'une époque du Japon rural. Devenu un véritable phénomène de société au Japon, Mon voisin Totoro est devenu le film emblématique de l'œuvre de Miyazaki et même du Studio Ghibli.

Véritable objet de fascination et d'émerveillement, Mon voisin Totoro peut être considéré avec Nausicaä (mais dans un registre totalement différent) comme LE film culte de Miyazaki. Cet hymne à la nature et à l'enfance est, derrière une apparente simplicité, une oeuvre riche d'influences et de références, sublimée par une mise en scène extraordinaire.

S'il se refuse à réaliser un film totalement autobiographique, Hayao Miyazaki met tout de même à contribution sa mémoire. La période qu'il décrit est celle qu'il a lui-même vécue étant enfant. Né pendant la guerre, il a grandi dans les environs de Tokyo et se souvient parfaitement des paysages ruraux qu'il décrit dans son film.

« J'ai fait ce film avec ce que j'ai vraiment vu, ce qui est très significatif. Je ne l'ai pas lu dans des livres, c'est ce dont je me souviens réellement. Si l'histoire s'était déroulée à l'étranger, je n'aurais pas su ce qu'il y avait derrière la porte, qu'elles étaient les espèces de fleurs que l'on trouve au bord de la route. »

Le cadre choisi pour le film a une résonance pour Miyazaki adulte puisque l'histoire se déroule dans la préfecture de Saitama, là où il habite. C'est aujourd'hui devenu une banlieue-dortoir de Tokyo mais dans les années 50, y vivait une communauté fermière. Quelques parcelles de forêt subsistent toujours dans la région et Miyazaki soutient activement une organisation dédiée à leur préservation. Cette organisation a récolté les fonds pour acheter la zone forestière qu'elle a nommé « la forêt de Totoro » !

Mais il y a encore un lien plus personnel entre sa vie et son film, puisque sa mère, atteinte de la tuberculose, a été hospitalisée et alitée pendant la plus grande partie de son enfance. La nature de la maladie de la mère dans Mon voisin Totoro n'est jamais explicitée (bien que la version romancée du film parle effectivement de tuberculose). Mais l'hôpital de Shichikokuyama dans lequel elle séjourne existe bel et bien dans la réalité. C'était à l'époque un centre reconnu pour le traitement de la tuberculose.

Si l'idée générale de Mon voisin Totoro est tirée du livre Les glands et le chat sauvage (Donguri to Yamaneko), un conte de Kenji Miyazawa, auteur japonais du début du siècle dernier, Miyazaki confiera également à son ami écrivain et historien Ryutaro Shiba, que le personnage de Totoro, fruit de son imagination, est inspiré par les représentations qu'enfant, il avait des créatures effrayantes vivant dans la forêt voisine de leur domicile.

Les analogies avec un autre grand livre de la littérature anglaise, Alice au Pays des Merveilles de Lewis Caroll, sont nombreuses dans Mon voisin Totoro. Qu'il s'agisse du Chat-Bus, au sourire lunaire, qui apparaît et disparaît d'une manière qui n'est pas sans rappeler celle du chat du Chester ou de la chute de Mei dans le puits de l'arbre, menant au repaire de Totoro. Mei est très proche du personnage d'Alice, elle entre facilement dans le monde de l'imaginaire. Au départ, on peut prendre les rencontres de Mei comme des affabulations de son esprit, correspondant à sa réalité d'enfant trop imaginatif. Ainsi, lorsqu'elle découvre le gros Totoro, elle s'endort avec mais ne peut plus le retrouver lorsqu'elle veut le présenter à son père et sa sœur. Mais le doute devient de plus en plus réel quand Satsuki les découvre à son tour.


Mei et Alice dans leur pays aux merveilles
Le rapport à l'imaginaire des autres personnages est plus nuancé. Satsuki va à l'école du village et ne se soucie guère de trouver un monde fantastique dans la campagne, mais sortie de l'enfance tout récemment, elle acceptera tout de même facilement cet univers fantastique lorsqu'elle y sera confrontée.
Leur père est gentil et compréhensif mais il appartient au monde des adultes et, trop occupé par son travail, ne se rendra jamais compte de la magie des lieux qui l'entourent.

Les origines du film sont donc multiples et comme à son habitude, Miyazaki brouille également les pistes et reste évasif sur ses réelles intentions d'avoir voulu créer cette oeuvre. Miyazaki dit qu'il voit ses films avant tout comme des divertissements, sans message particulier. Néanmoins ses intentions paraissent claires dans Mon voisin Totoro. Le titre nous dit que les humains et le reste de la nature sont voisins. Regardez cette belle campagne, semble nous dire Miyazaki. C'était la nôtre il n'y a pas si longtemps.


«Il n'y a presque pas de récit dans Mon voisin Totoro, tout au plus un léger suspense final, lorsque Mei, bouleversée par l'absence prolongée de sa mère, disparaît plusieurs heures. La beauté réelle de ce film d'animation pour enfants provient de la façon dont le réalisateur et scénariste, Hayao Miyazaki, intègre dans la description de rêveries enfantines un rapport mystique et profond à la nature. Mon voisin Totoro suppose, en effet, une forme de panthéisme discret, la croyance en un lien magique unissant les hommes et les éléments déterminant les postulats de ce récit conté.
Cette soumission parfaite à un ensemble de principes philosophiques dont le cinéma japonais a parfois, dans des oeuvres différentes et, à première vue, plus ambitieuses (Suzaku de Naomi Kawase, Charisma de Kiyushi Kurosawa, qui sort aujourd'hui en salle), souvent exprimé la permanence et la profondeur, c'est la mise en scène qui l'intègre ici. Le montage, qui insère des plans vides, parfois furtivement contemplatifs, et le travail sur le son d'une précision réaliste rendent perceptibles les conceptions éthiques qui justifient les événements vécus par les enfants.
Synthèse de convictions spécifiques issues du shintoïsme et d'univers venus d'une littérature du merveilleux, ce film de Hayao Miyazaki, que l'on découvre dix ans après sa réalisation, précède la sortie en France (le 12 janvier) du nouveau et tout aussi admirable dessin animé de l'auteur, Princesse Mononoke, qui a battu lors de sa sortie au Japon, en 1996, tous les records d'affluence. Réalisateur comblé (il est aussi l'auteur de Porco Rosso) des prestigieux studios Ghibli, Miyazaki se signale comme un authentique artiste du cinéma d'animation contemporain.»
(Jean-François Rauger)

EXTRAIT:









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PLEINE LUNE
















Les courts métrages d'animation qui composent le programme Pleine Lune ont en commun d'avoir été réalisés avec des marionnettes animées, selon la technique du "stop motion", celle qu'utilise Tim Burton dans ses films.


Quatre de ces petits films se caractérisent par leur atmosphère lugubre, leur durée très courte, leur narration minimaliste, et leur volonté de faire poésie. L'Homme aux bras ballants de Laurent Gorgiard, apparition-disparition d'un homme aux bras ballants dans une ruelle sombre ; Le Jour de gloire de Bruno Collet, hommage aux poilus de la guerre de 1914-18 ; R.I.P de Bruno Collet, variations sur les tentatives de meurtre avortées d'un tueur aussi terrifiant qu'incapable ; Le Dos au mur de Bruno Collet, évocation de l'histoire d'une façade d'habitation à travers la mémoire d'un personnage métallique rivé dans le mur pour maintenir les volets ouverts. Le cinquième film est une adaptation du Cid de Corneille, dans lequel les acteurs de la pièce sont joués par des insectes qui peinent à retenir leur texte, et qui empruntent leur voix à des comédiens célèbres comme Judith Henry ou Sergi Lopez. Réalisé par Emmanuelle Gorgiard, ce Cid est plus joyeux, et plus long que les autres.















Dossier de Presse:








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Sunny et l'Elephant
Frédéric Lepage



Votre film aborde et allie plusieurs thèmes comme l’écologie, le parcours humain ou la spiritualité...
Le film se déroule sur deux plans. Au premier plan, on trouve Sunny, un adolescent qui rêve de devenir le cornac d’une éléphante qui s’appelle Dara. Un homme, un éléphant, la paire ne peut pas être dissociée parce que l’éléphant connaît tout de son maître et réciproquement. C’est un couple formé pour la vie. Le vieux maître de Sunny s’y oppose parce que, selon la tradition, il faut faire partie d’un groupe ethnique - les Karen, un peuple venu d’Indonésie - pour pouvoir devenir cornac. Sunny est un orphelin de la ville et il va devoir se battre pour réaliser son rêve. C’est l’histoire essentielle.

En arrière-plan, le propos est plus large. Autrefois, les éléphants travaillaient avec leurs cornacs dans les exploitations forestières de teck. Les engins motorisés les ont rendus obsolètes et tous ces gens et leurs animaux se sont retrouvés chassés des forêts où ils étaient nés. Ils ont été mis au chômage et remplacés par des machines rutilantes qui n’ont pas besoin de vétérinaires et peuvent travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ces gens désemparés migrent vers les grandes villes pour tenter d’apitoyer les touristes. En échange de quelques baths, les visiteurs peuvent nourrir les éléphants et se faire photographier avec eux. C’est une condition dégradante qui s’ajoute au fait que la ville est un enfer pour eux. Ces hommes et ces éléphants n’ont malheureusement pas d’autre choix.
Un jour, un vétérinaire rencontré à Bangkok m’a dit que son rêve serait de reconvertir ces éléphants en rangers qui, accompagnés de leur cornac, iraient protéger les parcs nationaux. Cette formidable idée m’a inspiré le sujet du film. Parallèlement à l’histoire de ces personnages égarés dans un monde qui va trop vite pour eux, on suit le destin de Sunny et son combat pour atteindre son rêve.


Comment avez-vous découvert cette région, et pourquoi les éléphants ont-ils tant d’importance pour vous ?
J’ai découvert la Thaïlande presque par hasard. À l’époque, je travaillais sur mes documentaires en Australie et je devais fréquemment m’y rendre. C’est un voyage exténuant, surtout à répétition. Un jour, on m’a conseillé de le couper en deux en faisant une étape à Bangkok. C’est ainsi que j’ai vraiment commencé à découvrir le pays. Je souhaitais une histoire avec ces éléphants parce qu’ils sont un symbole. L’éléphant, le plus gros mammifère terrestre, est un animal d’une noblesse extraordinaire. L’Inde aurait pu servir de cadre à cette histoire, mais les paysages et la spiritualité d’Asie du Sud-Est me paraissaient davantage de nature à toucher le spectateur européen parce que l’on pouvait aussi y introduire beaucoup de drôlerie et d’insolite.

Je connais bien la Thaïlande, où je réside une partie de mon temps, et plus précisément la partie nord près de la frontière birmane - entre Chiang Mai et Chiang Rai. Le peuple thaï est infiniment attachant. Sa religion est un bouddhisme qui estime que la religion doit servir l’homme - et non l’inverse. C’est une religion qui tolère très bien que se juxtaposent à elle des superstitions ou des croyances qui peuvent aider l’homme. Les Thaïs vivent dans un monde peuplé d’esprits - l’esprit des arbres, l’esprit de la forêt, l’esprit des morts qui reste pour voir ce qui se passe. Il y a donc ce côté un peu magique - presque des histoires de fantômes - qui s’ajoute à la beauté de ce bouddhisme persuadé que la vie ne s’arrête jamais. Cette idée, au cœur du film, marque une différence de mentalité peut-être liée à la religion. Sunny, l’Asiatique bouddhiste, dit à Nicolas, l’Occidental sans doute chrétien ou agnostique, qu’il ne comprend pas pourquoi lui, vétérinaire, essaie d’aider les éléphants et d’améliorer la nature. Les bouddhistes savent qu’il est de leur responsabilité d’améliorer le monde car ils y reviendront après leur mort pour leurs vies suivantes. Mais quelle peut être la motivation de quelqu’un qui ne croit pas à son retour après sa mort ?
Le film est un peu construit autour de ce mystérieux décalage entre la relation que l’homme entretient avec la nature dans le bouddhisme ou chez nous.

Cette histoire prend toute sa dimension au cinéma. C’est une fable, un magnifique album d’images et d’ambiances dans lesquelles on se trouve plongé. Comment les avez-vous définies ?
Les repérages ont été déterminants. Je ne sais pas vraiment le temps que nous y avons passé parce que je connais la plupart des lieux depuis des années - sans avoir su que j’y tournerais un film. Il a cependant fallu une préparation plus technique dont la période initiale a duré six mois, mélangeant repérages et casting. Le tournage a duré à peu près trois mois avec deux équipes.
Des conditions tout à fait satisfaisantes. Il était également crucial de faire ressentir aussi bien la violence naturelle du cadre urbain que l’absence de silence dans les forêts du Nord. Le son était vraiment très important.

Le film est essentiellement tourné en décors naturels et en extérieurs. Quels ont été les défis logistiques ?
Nous avons construit le camp où cornac et éléphants se reconvertissent en rangers au bord de cette merveilleuse rivière dans la vallée, dans un environnement à ciel ouvert. Les rues chaudes de Bangkok ont été reconstituées dans une petite ville du nord de la Thaïlande, mais nous n’étions jamais dans des conditions artificielles. S’il pleuvait, il pleuvait. Il n’y a aucune image de synthèse. Tout est authentique.
La logistique était complexe mais le plus extraordinaire a été de réunir de nombreux éléphants dans Bangkok, ce qui est normalement interdit. Ceux qu’on y voit d’ordinaire sont de pauvres parias chassés par la police. Nous avons été soutenus par les autorités, et le gouverneur de la ville nous a fourni toutes les autorisations.
Qu’espérez-vous apporter au public ?
Cette histoire parle de notre planète, de rêves que nous avons tous sous une forme ou une autre, et de combats qu’il faut mener dans une vie. J’ai été profondément marqué par la phrase de Cousteau qui dit «On protège ce que l’on aime et on aime ce que l’on comprend». Ce film fait partie des éléments qui veulent faire comprendre aux gens ce qui se passe. C’est un film populaire et familial, transgénérationnel et transculturel. Il offre plusieurs niveaux de lecture, plusieurs discours et, derrière tout ce qui semble très simple, souriant, amusant, grands-parents, parents et enfants peuvent tous trouver matière à discussion.




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